Originaire du Cameroun, fuyant un mariage forcé, Suzanne-Grâce trouve refuge en France en 2018, à seulement 15 ans. Après une première intégration dans le système éducatif « classique », la jeune femme découvre l’École de Production Agapé-Anjou lors d’un stage.
Un modèle éducatif innovant au service de l’insertion
Fondée sur des valeurs humaines et inclusives, l’École de Production Agapé-Anjou a immédiatement séduit Suzanne-Grâce par son approche pédagogique unique : “J’ai vu que c’était une école qui proposait beaucoup plus de formation, moins de cours. Et moi, c’est ça que je recherchais”, explique-t-elle.
Une formation qui transforme
Suzanne-Grâce a suivi un CAP Cuisine pendant deux ans à l’École de Production Agapé-Anjou. Mais au-delà de l’apprentissage de compétences culinaires, elle souligne l’impact humain de cette école : “Agapé a fait de moi la personne que je recherchais. Ils nous poussent à être le meilleur de nous-même, sans jugement.” Pour la jeune femme, cette bienveillance et cette exigence l’ont préparée à affronter le monde du travail avec confiance.
Un soutien bien au-delà de la formation
L’École de Production Agapé-Anjou ne s’est pas limitée à offrir une formation à Suzanne-Grâce. Elle l’a aussi accompagnée dans ses démarches administratives. “Agapé a toujours été là pour moi. Ils ont tout fait pour me faciliter la vie, pour que je puisse avoir mon titre de séjour.”. Et c’est bien de cette bienveillance que la jeune femme veut témoigner, car ces jeunes ont souvent besoin d’un accompagnement qui va au-delà de leur formation. Ce peut être pour trouver un logement, pour se préparer à un entretien ou encore pour des démarches administratives.
Pour Béatrice Rombout, directrice de l’école : “c’est la particularité de notre École de Production : on a un service socio-éducatif. J’ai dans mon équipe un chargé d’insertion ou une éducatrice qui accompagne les jeunes dans leurs démarches.”
Des liens qui perdurent
Même après avoir quitté l’École de Production, Suzanne-Grâce reste très attachée à Agapé-Anjou. C’est sa famille.
Elle y retourne régulièrement pour motiver les nouveaux élèves et partager son expérience. “Je fais des témoignages, je donne des conseils et je les aide à se préparer au monde du travail”, dit-elle avec fierté. Pour elle, c’est essentiel de transmettre ce qu’elle a reçu.
Une vision tournée vers l’avenir
Avec la confiance acquise et les compétences développées, Suzanne-Grâce ne manque pas d’ambition : “Aujourd’hui, j’ai confiance en moi et j’avance tout droit”.
Après plusieurs stages, la jeune Camerounaise est maintenant cheffe de partie dans un restaurant gastronomique, Le Belle Rive à Angers. “Le chef est hyper bienveillant, et je suis contente d’être là”, confie-t-elle. Ce poste marque une étape importante dans son parcours professionnel, mais elle ne compte pas s’arrêter là. Son objectif ? Devenir cheffe de son propre restaurant et fusionner les saveurs franco-africaines pour créer une expérience culinaire unique.
Le “faire pour apprendre”
Créée en 2016, l’École de Production Agapé-Anjou fonctionne sous le modèle du “faire pour apprendre”. Le principe : les élèves, âgés de 15 à 21 ans, suivent 35 heures de formation hebdomadaire, dont une majorité consacrée à la mise en pratique. Une immersion totale grâce à un apprentissage directement dans un restaurant pédagogique ouvert au public : L’Entrecôte d’Agapé. Un second site, La Tablée d’Agapé, complète la formation en proposant un service traiteur.
Cette approche permet d’acquérir des compétences exploitables rapidement sur le marché du travail.
Ce sont donc essentiellement des professionnels qui encadrent les jeunes élèves. Des maîtres professionnels, qui se sont eux-mêmes formés à pouvoir accompagner et éduquer un public de jeunes d’une grande mixité.
Pour ce qui est des cours plus classiques comme le français et les mathématiques, ce sont des enseignants de l’éducation nationale ou des professeurs à la retraite qui officient auprès des jeunes. Avec comme particularité un accompagnement dans toutes les démarches pour faciliter l’insertion professionnelle.
Loin du modèle classique, l’École de Production Agapé-Anjou attire un public varié : jeunes en rupture scolaire, mineurs protégés, migrants ou simplement élèves souhaitant apprendre différemment.
Contrairement à l’apprentissage traditionnel, c’est un suivi renforcé qui est proposé aux élèves. Ainsi, 33 jeunes âgés de 15 à 21 ans sont actuellement formés dans cet établissement où l’accompagnement socio-éducatif joue un rôle clé.
L’école de Production privilégie un équilibre des profils : 30 % des élèves sont en situation de vulnérabilité sociale ou scolaire, tandis que les autres ont simplement opté pour une formation plus pratique.
Ce mélange favorise l’entraide et la solidarité, des valeurs essentielles dans le monde professionnel.
“L’idée est d’avoir un équilibre dans les promotions, pour que chacun s’enrichisse de l’expérience de l’autre”, précise la directrice. “Notre objectif est de réconcilier les jeunes avec l’apprentissage et de leur donner une réelle perspective d’avenir.” Béatrice Rombout, directrice École de Production Agapé-Anjou.
Un dispositif utile, innovant et solidaire
Le projet, c’est qu’ils obtiennent un diplôme, le CAP, mais aussi de les former à la vie professionnelle, à la vie de l’entreprise, et de les accompagner sur le marché du travail.
Pour la directrice de l’École de production, ce dispositif est utile, innovant et solidaire. Utile
pour des jeunes qui ont décroché ou qui sont en phase de décrocher du système scolaire. Innovant par la pédagogie du faire pour apprendre.
Et solidaire, car la formation s’appuie sur la solidarité des clients – ce sont eux qui permettent de payer la formation – et sur la solidarité des partenaires de la restauration qui les prennent en stage, ou qui les emploient.
Un modèle à l’équilibre fragile
Chaque année, 80 à 95 % des élèves obtiennent leur diplôme, un taux supérieur à la moyenne nationale. Mais surtout, 100 % d’entre eux trouvent un emploi ou poursuivent leurs études après leur passage à Agapé-Anjou.
Malgré son succès, l’école doit constamment lutter pour son financement. Si les recettes du restaurant couvrent 45 % du budget, le reste dépend de subventions publiques et de mécénat.
« Pour l’instant, la région des Pays de la Loire croit très dur à notre dispositif, mais l’avenir reste incertain. Ce dispositif utile, innovant et solidaire mérite d’être soutenu », insiste Béatrice Rombout, « et si les subventions diminuent, il faudra repenser notre modèle économique ».
Un modèle à suivre pour l’avenir de l’éducation
L’École de Production Agapé-Anjou prouve que l’éducation peut se réinventer pour s’adapter aux besoins des jeunes et du marché du travail. Grâce à une approche pédagogique innovante et un accompagnement individualisé, cette école de production redonne espoir et perspectives à des élèves en quête d’un avenir professionnel solide. Une belle leçon de solidarité et d’espoir.
Source : France 3, le 17 avril 2025
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